Les Andes à vélo: Careterra Austral - première partie

La Carretera Austral est le nom donné à la route numéro 7 au Chili, longue de 1 240 km.  Inaugurée en 1986, elle relie à travers les Andes chiliennes la ville de Puerto Montt à Villa O'Higgins, fin de la route pour les voitures car il s'agit d'un cul-de-sac. Commencée en 1976, sous le régime de Pinochet,  son objectif était de relier les différentes communes de ces régions reculées du Chili, jusque-là isolées et mal desservies. Il était notamment impossible de rejoindre par voie terrestre chilienne la région d’Aisén à moins de passer par l'Argentine voisine. Plus de 10 000 soldats de l'armée chilienne participèrent aux travaux nécessitant de trouver des voies de pénétration à travers les fjords, deux cols et les roches glaciaires. Aujourd'hui il s'agit d'un itinéraire très prisé par les voyageurs car elle traverse des paysages constamment changeants et toujours magnifiques. 

Arriver à Villa O'Higgins: Ça se mérite

Villa O'Higgins est le point de départ de la careterra austral en partant du sud. Pour les voitures c'est un cul-de-sac accessible uniquement par le Nord. Pourtant, pour les piétons et les cyclistes, il y a une solution un peu compliquée et onéreuse. Ce gros village est planté en plein milieu des Andes chiliennes, à la frontière avec l'Argentine proche de la petite ville d’El Chalten. C'est justement de là que nous sommes partis un beau matin à 7h pour faire 35km de ripio (=piste de cailloux) jusqu'à l'embarcadère du premier bateau qui traverse le Lago del Desierto! Autant vous dire qu’on n’a pas eu le temps d'admirer le paysage ou de voir les Huemules (sortes de cerfs) qui sont sensés traverser la route souvent au vu des nombreux panneaux! Bien au contraire, nous avons pédalé comme des fous, pas encore habitués au rythme ralenti que nous impose le ripio! Comme de bons petits Suisses, nous sommes arrivés pile à l'heure du départ! On a eu chaud mais le bateau nous attend pendant que nous payons les billets (60 US$ pour les deux argh!). C'est transpirants mais heureux que nous prenons cette embarcation qui nous change du quotidien. La vue fantastique sur le Mont Fitz Roy nous impose le respect. En arrivant, nous trouvons une magnifique pelouse devant le lac pour planter notre tente avant la traversée de la frontière le lendemain. Nous nous étonnons de voir un poste de carabineros dans un endroit aussi isolé, en effet, il n'y a rien d'autre que la forêt et le lac aux alentour...quelle genre de criminalité peut-il exister ici??? Pauvres simples d'esprits que nous sommes: il s'agit en fait du poste frontière situé ici plutôt qu'au milieu de foret pour des raisons bien logiques d'accès! Heureusement un backpacker Brésilien nous informe que nous devons impérativement faire tamponner notre passeport ici sans quoi il faudrait revenir en arrière une fois arrivé au poste Chilien qui se trouve à une vingtaine de kilomètres. On pourrait penser que ce n'est pas grand-chose...détrompez-vous. On nous a avertis à maintes reprises qu'il s'agit de monter un petit col sur un sentier de marche qui présente des parties si étroites qu'on ne peut pas y passer un vélo avec des sacoches! Normalement, il s'agit de deux heures de marche sans vélo, certains nous raccontent qu'ils ont mis huit heures. On s'attend donc au pire! Et ce n'est pas fini, 16km de pistes complètent ce périple pour atteindre Candelario Mancilla sur les rives du Lago O'Higgins où nous devrions prendre un bateau pour le village de Villa O'Higgins.


Le lendemain c'est aux aurores que nous plions notre tente et prenons un gros petit-déjeuner! Ici pas d'ordinateur ni d'empreintes digitales, notre sortie d'Argentine a été consignée par un Carabineros dans un grand cahier aux pages infinies! Nous nous lançons dans la montée qui est assez abrupte. Anysia, en mode défi personnel, se charge du vélo et des sacoches alors qu'Alexi porte Anguria (la remorque). Petites rivières, marres de boue, passages serrés comme annoncé mais finalement ce n'est pas si pire! On nous avait dressé un tel tableau négatif de la traversée qu'on s'attendait à vivre un vrai enfer.


On aura quand même mis le double des deux heures prévues mais on est loin des huit heures. Des panneaux nous indiquent le passage de la frontière. Il nous reste 16km de ripio en mauvais état que nous nous dépêchons de parcourir afin d'attraper le bateau de trois heures. Tous sourires, nous arrivons à 14h30 à la douane chilienne. Les formalités prennent quelques minutes après lesquelles le douanier nous annonce la phrase fatidique: " Hoy no hay barco, mañana!". Vraiment déçus de ne pas pouvoir prendre le bateau le jour même, nous nous consolons avec l'idée que nous arriverons demain à Villa O´Higgins! En effet, les denrées fraiches telles que les fruits, légumes, fromages, miel etc. sont totalement interdites à l'importation pour des raisons sanitaires. Nous nous sommes bravement pliés à ces règles et ne possédons que du riz et de la polenta, pas très sexy pour un bon repas! C'est donc avec frustration que nous constatons que le douanier oublie de nous poser les questions d'usages sur l'importation et ne vérifie aucune de nos sacoches!

Après l'effort...l'attente...

Une fois installés dans le champ de la seule estancia du coin, converti en "camping", nous rencontrons nos acolytes de l'attente. Une dizaine de personnes de différentes nationalités. Le lendemain le temps est magnifique, ce qui nous laisse soupçonner que le bateau n'aura pas de difficulté à venir nous chercher le jour même. Bien au contraire, les carabinieros nous reservent la même phrase "Hoy no hay barco, mañana". Les prétextes varient: météo (mais il fait grand beau?!), vent, manque de carburant. Heureusement les alentours présentent des paysages magnifiques. Le lac nous fait penser à la mer et le fait d'être coincé nous donne l'impression d'être sur une île perdue! Nous décidons d'en profiter pour faire une petite marche et découvrir le bord du lac, sauvage! En chemin un carabineros compatissant nous montre un buisson plein à craquer de "Grosejas" des grosses groseilles délicieusement sucrés, il nous amène aussi vers des mûres et des calafates, une petite baie qui colore la bouche! En manque de fruits, nous dévalisons ses buissons et nous nous régalons! L'après-midi est fait de discussions avec nos acolytes. Nos repas se composent de pain et confiture maison vendu par la seule famille habitant Candelario Mancilla et qui a d'ailleurs donné son nom à l'endroit.

Les jours suivants se déroulent de la même manière. L'effectif de personnes en attente grossit et l'espoir d'avoir une place sur le bateau pour les derniers arrivés faiblit! Finalement, après trois jours, une trentaine de petits pains, trois pots de confitures, 200 pages d'un livre et beaucoup de discussions, le bateau arrive enfin et nous libère de notre captivité! Au fil des jours, nous avons compris que notre embarcation, prévue pour 60 personnes, attend qu'il y ait suffisamment de passagers pour faire la traversée. Cela nous semble sensé, mais pourquoi alors annoncer des traversées régulières et faire croire tous les jours aux gens qu'un bateau viendra?! C'est ça aussi le voyage!


Après l'attente...le réconfort

Arrivés à Villa O'Higgins nous nous installons dans un camping pourvu d'une superbe cuisine. Nous passons deux jours à cuisiner et manger avec nos compagnons d'infortune en attendant le retour du "beau temps" ou plutôt l'arrêt de la pluie avant de nous lancer sur la careterra austral!


Un début pluvieux 

Le Sud de la careterra Austral est une région très pluvieuse. La preuve: le jour où nous partons il fait gris, froid et une bruine incessante mouille tous nos vêtement. Malgré cela, la patronne du camping nous dit "Ah c'est un très beau jour pour pédaler aujourd'hui!" Le mauvais temps est largement compensé par la quantité infinie d'énormes et délicieux calafates cueillis en chemin. Nous remplissons même un Tupperware pour notre porridge! Dès les premières heures nous réalisons que la mythique careterra est vraiment prisée par les cyclistes car nous en rencontrons bon nombre. Nous passons notre première nuit dans un abri ressemblant à un petit chalet vétuste en bois transformé en refuge pour cycliste! Pourvu de planches pour mettre nos matelas, d'une petite table et d'une cheminée qui nous réchauffe un peu. Nous sommes à l'abri de la pluie pour la nuit!



Le lendemain le temps est un peu meilleur. Nous passons trois petits cols qui nous permettent de traverser des paysages plus beaux les uns que les autres: cascades, rivières, montagnes, végétation luxuriantes, tout y est pour se sentir totalement dépaysé. 

Nous arrivons juste à l'heure pour attraper le troisième bateau obligatoire qui traverse un fjord et rejoint la suite de la careterra.

Une fois de plus, nous dormons dans une salle d'attente. On se dit que c'est drôle comme un endroit moche, sale et sans intérêt pour le voyageur lambda devient un havre de luxe pour le voyageur à vélo. On dort au chaud et au sec, tout le reste n'a aucune importance, même le ronflement puissant et continu d'un Chilien à moto qui dort à moins d'un mètre de nos têtes! Le lendemain: forte pluie, brouillard vent et froid nous attendent à l'extérieur. Equipés de nos vêtements Goretex de la tête aux pieds, nous nous sentons 100% confiants et fin prêt à affronter notre première vraie journée de pluie! C'est donc sous une averse diluvienne, en grimpant un col abrupte fait d'une piste de cailloux que nous testons notre équipement. Après deux heures de ce traitement et seulement six kilomètres parcourus, nous sommes détrempés jusqu'à l'os!!! Morts de froid, nous n'avons pourtant d'autre choix que de continuer car nous sommes entourés d'une épaisse forêt et il n'y a absolument aucune habitation. Après quelques kilomètres de plus nous entendons le bruit d'un moteur et tendons le pousse tout en roulant. Un pick-up rouge s'arrête et éveille une lueur d'espoir dans nos cœurs glacés par la pluie et le vent. Finalement, le type refuse de nous prendre (tout en mangeant des cookies dans notre face) en nous expliquant "Votre vélo est très grand", drôle d'excuse. Ce fut une bonne chose qu'il ne nous prit pas puisque nous étions en fait arrivés en haut du col. Dix kilomètres de descente nous glacent encore plus le sang et nous permettent d'atteindre la bifurcation vers le petit village de Tortel: notre seule chance de dormir au sec ce soir. Malgré les vingt-trois kilomètres de "détour" nous décidons de nous y rendre puisqu'en poursuivant sur la careterra la prochaine ville est à plus de 100km! 


Tortel est un petit village encastré au fond d'un fjord. En chemin, des cyclo nous avertissent qu'il s'agit d'un endroit spécial puisque seules des passerelles et des escaliers permettent de le parcourir: difficile d'accès pour les vélos! Cinq kilomètres avant d'arriver, un pick-up ayant pitié de notre état, s'arrête spontanément à côté de nous et propose de nous amener jusqu'au village, un bref regard entre  nous permet de nous assurer de notre accord mutuel! Et hop on met toutes nos affaires et le vélo dans le coffre. Après ce premier coup de pouce, la vie nous en offre un second sous la forme de deux Français en vélo couché postés à l'entrée du village, semblant presque nous attendre. Ils nous annoncent qu'ils ont fait le tour des hébergements et que le moins cher se trouve devant nous! Nous nous y installons et profitons du grand bonheur qu'offrent une douche chaude et des habits secs!  La visite de Tortel nous fait penser à certains villages asiatiques.

colibri fuchsia
Où est le colibri?

En route à quatre

Le lendemain, nous rencontrons Cécile et Clément, un autre couple français qui va vers le Nord. Tout en pédalant nous faisons connaissance avec nos nouveaux compagnons qui voyagent pour onze mois. Ils en ont déjà passé quatre en Asie et se rendent à Lima pour le 25 juillet, date de leur retour en France. Les kilomètres défilent, nous sommes ravis de voyager en si bonne compagnie. Nous ne le savons pas encore mais c'est avec eux que nous irons jusqu'au bout de la Careterra Austral 1100km plus au Nord!

 

Voici leur site Les C en selle 


puppy

Quelques jours plus tard, la météo s'est arrangée. Nous avons quitté la région pluvieuse et profitons d'un beau soleil. Lors d'une de ces belles journées, nous apercevons un bébé chien super chou en train de marcher en plein milieu de nulle part au bord de la route. Sans hésiter nous récupérons le chiot qui est voué à mourir si nous le laissons là (et aussi parce que c'est un peu un rêve d'enfant de trouver un bébé chien trop chou et de s'en occuper hihi). Le chiot est assoiffé et sans aucune énergie! Nous le transportons à bord du tandem ce qui s'avère assez simple car il est épuisé. Il s'endort même sur Anysia. Nous savons qu'il a faim et lorsque nous apercevons un pauvre lapin fraichement écrasé nous amenons notre "Puppy" (= bébé chien en anglais) vers le cadavre. Un peu perdu, il lèche le sang et finit par manger ce qui est le plus facile d'accès: les intestins! On est un peu dégoûtés mais bon c'est la nature, tant qu'il n'a plus faim! Enfin c'est ce que nous croyons: une demi-heure plus tard, le pauvre Puppy vomit tout le contenu de son repas sur notre sacoche! La par contre c'est vraiment pas glamour: des intestins de lapin vomis par un bébé chien ça pue un max! Devinez qui s'est chargé du nettoyage? Nous continuons notre chemin avec le bébé chien, en le nourrissant de croquettes qu'il digère très bien! Il retrouve toute son énergie et veut courir constamment à côté du vélo.


La careterra austral sous le soleil: le top!!!

Le soleil est de retour sur la careterra et nous fait apprécier d'autant plus les magnifiques paysages qui changent constamment. La piste de cailloux nous ralentit beaucoup et notre pauvre vélo en prend pour son grade. Entre trous, tas de caillasses, poussière et vibrations infernales dues à la forme de tôle ondulée que prend la piste, nous croisons les doigts pour que le tandem tienne le coup. 

nous velo

Un peu de tourisme à Puerto Rio Tranquillo

Arrivés à Puerto Rio Tranquillo, nous retrouvons notre ami chilien Emilio. Nous décidons de nous y arrêter un jour afin de visiter des grottes formées dans des falaises de marbre surplombant le lac General Carerra, deuxième plus grand lac d'Amérique du Sud aux eaux cristallines mais glacées. Après 25 minutes de barque où on se fait secouer par les vagues du lac agité par le vent, on arrive! Notre conducteur nous informe qu'il va nous faire la visite géomorphique du lieu (qu'est-ce que c'est???). Il nous explique brièvement comment se sont formées toutes ces grottes puis passe rapidement à la découverte des animaux qu'on peut voir-imaginer dans toutes ces formes! Nous longeons les falaises et découvrons des éléphants, chevaux, lapins, girafes, lions et autres oiseaux! Ce spectacle magnifique et envoutant nous a changé de notre quotidien terre-vélo de cyclo-voyageur!

En rentrant au camping nous retrouvons notre Puppy attendant sagement devant notre tente. Toutefois, au moment du départ le lendemain, il reste introuvable. Nous nous imaginons qu'il a trouvé d'autres personnes et sommes soulagés de ne plus devoir nous en occuper, même si nous avons versé une petite larme. En effet, lorsqu'Emilio nous rejoint à vélo il nous confirme avoir vu notre chiot en train de jouer avec des backpackers dans son camping.

bateau

Des travaux sur notre chemin

Après une belle soirée à cinq autour d'un feu, nous décidons unanimement de nous lever très tôt et de partir à huit heure pile afin d'arriver avant le commencement des travaux de dynamitage dont on nous a averti. En effet, une portion de route est fermée de 14h à 18h. C'est donc dans un froid de canard que nous pédalons sans relâche malgré nos pieds gelés pour ne pas être bloqués. Pari réussi, nous finissons les neuf kilomètres de travaux à 13h. Affamés mais super contents de notre coup, on s'installe pour cuisiner un bon repas. Vers 14h on repart... Mais 5 kilomètres plus loin on nous arrête. Incrédules, on demande des explications: un gros BOUM nous fait comprendre qu'il y a en réalité plusieurs portions de routes fermées! Un peu frustrés et peu fiers de la tournure que prend notre défi, nous comprenons que la journée de vélo s'arrête là! Heureusement une petite piste mène à un bord de rivière où nous plantons notre tente et nous relaxons le reste de l'après-midi.

Coyhaique: la ville et le goudron

Première ville depuis un moment, la circulation, les magasins, les gens bien habillés: tout cela nous donne un peu le tournis! Mais un grand supermarché compense tout par son offre infinie de denrées rares pour un cycliste venant de la "fin del mundo"! La route également se transforme sur 300 kilomètres en un bel asphalte qui nous soulage autant que notre vélo. Jamais nous n'aurions imaginé pouvoir éprouver tant d'amour pour le goudron. Fini la poussière, les vibrations, les descentes où on ne peut pas lâcher les freins. Les paysages nous rappellent nos vertes prairies Suisses et nos belles montagnes sans oublier les vaches qui en rajoutent une couche avec l'odeur! Seules les maisons de bois colorées avec leurs toits de tôle ondulée nous ramènent en Patagonie. Les nuits sont belles et majoritairement en camping sauvage ou semi sauvage car nous demandons aux propriétaires de planter la tente dans leur champs! Du coup nous avons été accueillis par Hector qui construit un camping dans son champ et nous a laissé utiliser les infrastructures gratuitement car il n'est pas encore ouvert! Une autre fois nous avons dormi dans un superbe cabanon de bois au bord d'un lac (dans lequel nous nous sommes baigne en guise de douche). Puis il y a les nuits moins glamour, comme celle passée dans une clairière caillouteuse en pleine zone de travaux et à quelques mètres des camions! 



Anecdotes

En partant de Tortel, un petit rayon de soleil pointe son nez et nous sommes tous contents de ne plus pédaler sous une bruine incessante. Quand soudain, nous entendons un bruit bizarre de la part de la remorque qui a tendance à se retourner en cas de grosse bosse. Habitués, nous pensons qu'il s'agit d'un de ses looping. Que nenni! Il lui manque la roue gauche qui a tout bonnement disparu! Nous la recherchons activement durant une dizaine de minutes sur la route et dans le talus gauche! Rien! Un peu inquiets de ne pas la retrouver élargit notre champ de recherche au côté droit de la route, ce qui n'est pas du tout logique puisqu'il s'agit de la roue gauche! Et pourtant on la retrouve dans les hautes herbes à droite! Mystère... Nous repartons sous la pluie!

 

L'histoire de Paf la chienne

"Les chiens du Chili, il ne faut surtout pas les regarder dans les yeux, sinon t'es fichu, ils te suivent sur des kilomètres!" nous conte un cycliste soixantenaire à la Casa de ciclista de El Chalten! N'y croyant pas trop nous préférons leur crier dessus et gesticuler dès que l'un d'entre eux a le malheur de s'approcher de nous (en général les chiens sont plutôt agressifs lorsqu'ils nous voient). Mais dès notre deuxième jour,  sur la careterra nous rencontrons un couple à vélo avec un joli chien noir. Ils nous racontent que ce chien les suit depuis plus de 700 km! S'étant attaché à lui, ils ont décidé de l'adopter en lui faisant faire tous les vaccins et un passeport chez un vétérinaire. Nous comprenons donc que les chiens chiliens cherchent en fait à quitter leur pays en se faisant adopter par des gentils humains!!! Nullement dupes, nous nous promettons de ne pas tomber dans le panneau et de ne jamais regarder un chien chilien dans les yeux pour ne pas nous faire suivre! Quelques jours plus tard, alors que nous venions de trouver notre chiot, nous nous arrêtons au bord de la route pour essayer de le donner à une famille de touristes allemands. Cela ne marche pas, mais le chien qui les suivait en balade se met à nos trousses! Merde! Nous pensons nous en débarrasser le lendemain, impossible! Pourtant nous ne lui avons accordé aucun geste d'affection, pas une miette de nourriture. Nous réalisons rapidement que cette chienne est hyperactive et folle. En plus de nous suivre sur 50 à 60 km par jour, chaque fois qu'une voiture passe elle se met à courir à côté le plus rapidement possible en aboyant. Bien que sympathique, nous souhaitons nous en débarrasser au plus vite car certaines voitures, essayant de l'éviter, nous mettent en danger. C'est ainsi que grâce à une très longue descente asphaltée, nous réussissons à la semer, 45km avant Coyhaique. Malgré notre petit pincement au cœur, ça fait tout de même 300km qu'elle nous suit, nous sommes contents de ne plus devoir nous en soucier. C'était sans compter les ressources de cette chienne. En effet, deux jours plus tard elle nous tend un piège, connaissant notre talon d'Achille, les magasins de vélo. C'est assise devant l'un d'entre eux qu'elle nous attend pattes croisées. A peine nous aperçoit-elle qu'elle se lève comme si nous avions rendez-vous et recommence à nous suivre! Sacrée Paf! Quelques jours plus tard, elle disparait mystérieusement durant la journée de vélo...espérons qu'elle a trouvé des humains plus sympas que nous! 

Souvenez-vous, au Maroc nous avions tenté une journée fruits et légumes tout en pédalant. Cette dernière s'était soldée par un échec cuisant puisque nous avions fini par manger du pain et du chocolat! C'est avec une ambition toute neuve que nous avons voulu tester la journée de jeun total lors de notre arrêt à Puerto Rio Tranquillo. En effet, une voyageuse nous a raconté faire quatre jours de jeun par mois! En reprenant progressivement une alimentation normale. Elle nous a conté les vertus de cette cure qui lui redonne plein d'énergie et purifie son intestin! Etant donné que nous ne voulons pas nous arrêter durant tant de jours, nous décidons de faire 24 heures en commençant le matin. Au début, tout se passe à merveille et nous sommes tous contents de ne pas avoir à nous préoccuper de la nourriture, car nous cuisinons trois fois par jours quotidiennement avec notre petit réchaud! Un petit creux se fait sentir lorsque nous embarquons sur le bateau pour visiter les grottes de marbres mais rien d'inquiétant. Durant le tour ça s'empire, nous avons certainement été aidé par l'état de notre notre cerveau pour être à fond dans les visions geomorphiques des animaux dans le marbre! Le trajet retour est carrément un enfer! Non seulement les vagues sont immenses et le vent souffle en sens contraire ce qui rend la navigation très difficile, mais en plus nous sommes régulièrement arrosés par des trombes d'eau. Ces 45 minutes nous paraissent une journée entière, tête baissée nous nous laissons balloter par les mouvements. C'est totalement frigorifiés que nous descendons de la barque et fonçons nous changer dans le camping. Malgré que nous soyons assis à l'intérieur, nous n'arrivons pas à nous réchauffer. Nous réalisons alors que le manque de nourriture empêche notre corps de se chauffer et commençons à craindre pour notre nuit sous tente. Apres une courte discussion nous décidons de rompre le jeun par peur de trembler de froid toute la nuit, sans dormir! Une fois de plus notre expérience se solde par un échec majeur...serions-nous trop gloutons pour tant d'extravagances?  

La suite des aventures

Dans le prochaine article vous en saurez plus sur la suite de nos aventures dans les Andes ainsi que quelques anecdotes sympathiques¡¡¡

Notre itinéraire

Photos

Pour plus de photos rendez-vous dans la galerie :)

Merci Les C en selle de nous avoir pris en photo

Article suivant >>



Écrire commentaire

Commentaires: 4
  • #1

    u Furnarotu (mercredi, 23 mars 2016 16:22)

    Toujours aussi captivant de vous suivre. Et quelles images. Caramba, c'est magnifique!!!
    Continuez de nous faire rêver comme ça.
    Bisous

  • #2

    maman (mercredi, 23 mars 2016 18:00)

    bouleversant! vous êtes trop forts

  • #3

    MAMMA RUTH (mercredi, 23 mars 2016 18:34)

    Die Fotis sind so schön dass mer meint sie seget uf Photoshop irgenwie verbesseret wordä, die Farbe sind unglaublich.....die Gägend än Traum!! Gseht aber trotzdem no ä chli chalt us für mich :)....

  • #4

    Puppy (vendredi, 25 mars 2016 16:11)

    Muchas gracias por este tramo de carretera con usted! Te seguiré a tu blog, vas demasiado rápido para mí.

    Buena suerte a los dos!

    PS: Tenga cuidado de Paf. Es una perra!